Auteur dramatique – Romancier – Parolier

Moustache et Capucine prennent leurs vacances d’hiver, rendez-vous au printemps !

Stanislas Cotton par Alice Piemme 2022

L’écriture du théâtre est d’utilité publique, car elle sonde, elle questionne, elle explore les heurs et les malheurs de nos sociétés.


Elle est le lieu du débat, de la confrontation, la scène où s’expose les enjeux qui gouvernent nos vies, où se révèle la complexité de nos natures d’êtres humains. Ce regard des hommes et des femmes sur les hommes et les femmes nous éclaire. Il nous aide à penser et à grandir. Il doit être, par la poésie, le privilège du plus grand nombre, car la poésie laisse à chacun de nous, la liberté de la comprendre et de l’interpréter, quelle que soit l’étendue de nos connaissances.  

L’écriture est pour moi un acte de jouissive indiscipline. À quoi bon l’ordre si l’on ne peut lui faire goûter un peu d’anarchie, pourquoi édicter des règles si l’on ne peut leur botter les fesses, à quoi bon nous choisir des chefs si l’on ne peut pas les faire vaciller, au moins virtuellement, sur leur piédestal. 


En fait, je ne sais rien, je ne sais rien du tout, mais la joie, la joie, je la cherche, elle est là, tout près, et nous le savons si peu.

Stanislas Cotton sur fond noir
Stanislas Cotton sur fond noir
Stanislas Cotton sur fond noir

« Jamais rien d’autre. D’essayé. De raté. N’importe. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux. » Samuel Beckett

« Il faut admettre qu’on ne sait rien, cot, cot, cot, comme disent les poules. » Witold Gombrowicz


LE ROI BOHEME

1

Insouciance et joie, le monde au bout des doigts, au début.

AURELIO
Au Talon Aiguille 
Lampadaire Chausseur pour dames 
C’est écrit sur la devanture
Et je suis dans la vitrine
Je veux dire dans la boutique
Chez Monsieur Lampadaire Chausseur
L’autre jour Une affichette demande apprenti
J’entre Bonjour La compagnie
M’intéresse grandement d’apprendre à chausser
Avec la chance dans mes pas
Et sans doute mon pouvoir de persuasion
Me voilà investi d’une nouvelle occupation
Apprenti vendeur Au Talon Aiguille 
Par les sombres temps qui courent Je suis verni
Si nombreux sont ceux à plaindre
Je muselle donc mes fantaisies
Me voilà au service du bien-être du peton féminin
L’emploi veut dire salaire
Et Salaire Une chambre sous les toits
Ainsi Mon insouciance et moi Serons au chaud l’hiver prochain
Le talon cambre et galbe
Le talon C’est la valeur ajoutée de la jambe
S’écrie le chausseur dans ces grands jours

Aujourd’hui L’après-midi s’étire
Je soupire espérant la venue d’une chalande
La boutique n’est pas un boulevard Non
Quoi de plus précieux qu’une cliente
On me voit qui vient
Et qui vient et qui va
Sous l’œil du patron sommeillant derrière son comptoir
C’est le vingt-cinquième jour du mois d’avril
Le 25 de ce mois d’avril-là
Le soleil est d’humeur dépensière J’en prendrais
Mais je frissonne dans l’ombre du négoce
Quand soudain Un sursaut me secoue lorsque j’aperçois
Une demoiselle qui s’approche l’œil attiré par un soulier à l’étalage
Il y a de la réclame dans l’air
Deux soleils aujourd’hui pour le prix d’un
Le carillon carillonne
Le vingt-cinquième jour d’avril à seize heures trente-six Précises
Heure arrêtée pour toujours au cadran de ma montre
Elle pousse la porte du Talon Aiguille
Commerce de Monsieur Lampadaire Chausseur Mon patron

Mon cœur cogne
Je prends son crâne dans les dents 
Aïe Le fol C’est bondir ça Mais bondir
Y a-t-il de quoi Y a-t-il raison de perdre la tête
C’est un coup Sûr Me sonne celui-là
Je le prends dans la denture

MAISONS D’éDITIONS

DERNIèRES PARUTIONS

Avec ce roman solaire, Stanislas Cotton nous fait suivre une passion naissante par le menu, de la tendre complicité à la douleur du doute et de l’absence. Il le fait avec brio, d’une plume alerte et poétique, créant une forme d’indéniable enchantement qui rivalise fièrement avec la brutalité de la vie.
Thierry Detienne

Avec le style qui lui est propre – poétique et proche du conte –, Stanislas Cotton s’attaque, comme souvent, à un sujet de société. Il met à jour nos travers, notamment ici les risques de la toile. « Internet, ce marécage où il faut craindre de s’enfoncer », nous prévient-il en exergue du texte.
Emilie Gäbele

Par ce conte, il prouve que les mentalités mettent du temps à évoluer et qu’il restera toujours quelques réfractaires, quelques soi-disant « bien-pensants », quelques haineux. Le personnage de Ninou montre à quel point être entouré de deux personnes qui s’aiment, peu importe leur sexe, est le plus important.
Emilie Gäbele